A redécouvrir (7): Tom Petty- Wildflowers (1994)

En France, Tom Petty est plutôt rangé du côté des artistes catégorie B. La raison ? Sans doute à cause de cette éternelle comparaison avec Bruce Springsteen (du pauvre en l’occurrence). Ce qui est profondément injuste et, disons-le, injustifié. Tous les deux sont américains et ont explosé à peu près à la même période, avait un groupe à leurs côtés à l’identité forte (les Heartbreakers vs le E-Street Band), mais leurs deux univers étaient très différents.

Le chanteur Tom Petty est décédé
Tom Petty, look moins gentillet

On pourra aussi dire que le physique de Tom Petty l’aura également desservi avec son côté « éternel gentil » notamment pour ceux en quête d’émotions fortes et authentiques, ce qui est assez étrange lorsqu’on sait qu’il a été associé à ses débuts aux groupes punks du fait des prestations live de son groupe.

Pour ma part, je pense que Petty était un plus grand mélodiste que Springsteen, mais que ce dernier a une plus grande voix. De toute façon, on ne vous demande pas de choisir entre les deux (au contraire, faites-vous plaisir, écoutez les deux !) mais de rendre justice au premier dans notre bonne vieille France qui l’ignore quasiment depuis toujours.

Billetterie et concerts de Tom Petty en 2021 2022 | Wegow France
Tom Petty, look « gentillet »

Autre malentendu, lorsqu’on parle de Petty, on se limite généralement à ses premiers disques, (auxquels on rajoute généralement le terme de brûlot, sachant qu’on avait classé son groupe dans la catégorie punk par malentendu) notamment le fameux Damn the Torpedoes de 1979. Mais, nous, on ne va pas parler de celui-là mais d’un de sa seconde moitié de carrière (vous savez, celle qu’on néglige généralement pour tout le monde, parce que, « forcément », c’est dans la première qu’on trouve le meilleur).

Pour ce qui est de l’image gentillette, l’histoire de ce disque est là pour l’écorner. Il s’agit d’un disque de rupture : divorce et… sevrage de l’héroïne. A cette époque, l’inspiration de Tom Petty coule littéralement à flot. Il écrit tant de chansons qu’il veut sortir son grand œuvre, un disque personnel qu’il imagine sous la forme d’un double CD. Mais sa maison de disque ne l’entend pas de cette oreille et lui demande de revoir sa copie pour en faire un simple. Chose qu’il consent à contrecœur.

Côté ballade

Autant le dire tout net, ce disque est une splendeur. D’autant plus qu’il est produit par l’immense Rick Rubin (vous ne le savez sans doute pas, mais notre disque de l’année dernière, celui des Strokes, est aussi produit par lui). Ce type est capable de transcender tout ce qu’il touche, non pas pour l’amener vers son univers à lui, mais là où les chansons sont nées pour s’épanouir. Rien de tape en l’œil ici, non, tout est à sa place, avec rien de plus et rien de moins pour qu’elles sonnent parfaitement juste. Ce type est vraiment un génie pour qu’on oublie l’idée même qu’un disque ait été produit.

Pour les amateurs d’énergie qui vénèrent la triplette de ses premiers albums, on est ici clairement sur dans un autre registre, plus doux, notamment de ballades introspectives (magnifiées par… Rick Rubin (Ah bon, on se répète?)), mais avec quelques morceaux plus enlevés.

Côté Rock

Ici, on n’aime généralement pas trop les bonus (cf ce qu’on disait sur Ennio Morriccone, même si vous allez finir par croire qu’on les aime). Mais force est d’avouer que la version sortie l’an dernier sur nommée Wildflowers and the rest est splendide (oui, le CD All the rest mérite plus que d’être écouté une fois mais renforce l’impression qui se dégage du premier CD et confirme l’inspiration de haut niveau de Petty pour cet album) et redonne vraiment toute sa place à ce disque dans l’œuvre de cet artiste à redécouvrir.

Bien sûr, il ne s’agit donc plus de brûlots ici, mais de chansons écrites dans la force de l’âge, avec tout le poids du vécu qui nous montre un artiste en pleine possession de ses moyens (d’ailleurs, point de Hertbreakers ici). Le tout enluminé par Rick Rubin (on vous a dit qu’il était immense ?), car tous les disques n’ont pas eu droit à ce traitement merveilleux, notamment dans les 80’s. Principalement constitué de ballades et de mid-tempos, il distille une ambiance chaleureuse où la voix de Petty se fait parfois fragile et touchante. On est comme face à un copain qui nous dit qu’il ne va pas fort mais que ce n’est pas grave.

Et pour finir, pour ceux qui ont écouté le dernier Springsteen, Love Letters, il y a dedans quelques morceaux qui y sonnent curieusement comme du Tom Petty, période Wildflowers notamment…

Wildflower & All The Rest [Vinyl LP]

Donc, si vous ne connaissez pas ce disque et mal cet artiste, vous devriez trouver votre bonheur ici pour les trois premiers disques et pour le 4eme consacré aux versions live.

Si, vous aussi, vous avez un disque à nous faire redécouvrir, contactez-nous ici.

Francis

8 réflexions sur « A redécouvrir (7): Tom Petty- Wildflowers (1994) »

  1. Je ne savais pas qu’on avait comparé Tom Petty et Bruce Springsteen et je ne vous remercie pas pour cette information. Je n’ai jamais été attiré par, jamais vraiment écouté Tom Petty, alors j’ai enregistré les fichiers pour, peut-être, les écouter un autre jour. En ce moment, je suis à fond dans le double CD d’Arcangelo Corelli par Gli Incogniti / Amandine Beyer.

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  2. A l’époque, je préférais les  »Heartbreakers » de Johnny. Je suis peut-être passé à côté de quelque chose. Merci pour son côté rock, ça me plaît. Bonne Fête Audrey.
    Eric.

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  3. C’est vrai que pas de bol pour les références, cela dit c’est à cause d’elles que j’ai écouté et découvert M. Petty. Hélas à cause d’elles aussi que je me suis fourvoyé.
    Depuis j’ai réessayé avec de petits moments de plaisirs. Sans atteindre l’intensité que tu décris, pas encore … jusqu’au moments…
    Régulièrement je me fais cette série d’albums publics la série « The Live Anthology »
    Et puis « It’s Good To Be King » de l’album que tu présents. Chez moi un **** (filtre pour titre à vélo sans roue)
    Alors je suis content même si je suis loin de tout connaître.
    Il me reste d’autres artistes que je me soupçonne de passer à côté. Par association d’idée je pense à Waren Zevon.
    Sinon, M. Springsteen, le Clint Eastwood de la musique américaine populaire, large palette, pas toujours au top, des malentendus, du grandiose… Comme d’autres qui me sont proches et que je ne cite pas, il accompagne mon vieillissement.

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