La chanson la plus (1)… sauvage du monde: The stooges- 1970 (i feel alright)

Allez, nouvelle rubrique, pour donner un côté plus rock’n roll au blog. Même principe que pour la rubrique « la plus chanson la plus belle au monde », ce titre ne peut être donnée qu’à une seule chanson, tant qu’on en est certain le jour J. Ce qui veut dire qu’on a le droit d’avoir plusieurs « la chanson la plus sauvage du monde ».

Bon, disons le tout net, cette chanson n’est pas seulement la plus sauvage du monde mais aussi la plus belle. Point. C’est même axiomatique, donc pas besoin de le justifier. Cependant, on peut essayer, juste au cas où certains auraient l’hérésie de ne pas être d’accord.

Brian Eno News on Twitter | Iggy and the stooges, The stooges, Iggy pop

Parce qu’on va être honnête, les plus belles chansons du monde qu’on a précédemment mises dans cette catégorie, c’est pour les gonzesses. Des trucs tout jolies, avec des mélodies et des arrangements magnifiques, des interprétations divines. Oui, ce sont indéniablement des merveilles. Seulement, comme dit André Breton, « la beauté sera convulsive ou ne sera pas« .

Ce que propose les Stooges ici tient d’une toute autre catégorie. Le truc qui vous saute à la gorge et ne vous lâche plus. Certes, ce n’est peut-être pas la meilleure des Stooges, I wanna be your dog, 1969, Raw Power, No fun, Down in the street, Loose etc. peuvent y prétendre, mais elle les surclasse toutes en beauté sauvage.

Au cas où vraiment vous ne connaitriez pas le morceau en question…

En effet, elle crée une nouvelle forme de beauté. Implacable et brute. Et quand on la découvre, il y a forcément un avant et un après. Aussi, après elle, quand on nous dit « écoute ça comme c’est beau« , alors doucement on rigole. Cela veut dire que cette personne ne sait pas. Peut-être qu’elle ne peut même pas comprendre qu’une photo de poubelle éventrée peut contenir plus de beauté que tous les couchers de soleil du monde.

Or, I feel alright nous dit exactement ça: ce qu’on nous sert comme beauté à longueur de journée est comme la verroterie qu’on donnait aux indiens. Bien sûr, Iggy Pop n’en a rien a foutre d’avoir écrit la belle plus chanson du monde, il la chante dans une urgence proche de la vie et de la mort. Et le groupe derrière lui balance le truc, comme de rien, sûr de son fait, même seul contre tous. Et puis, comme si ça ne suffisait pas, la fin cataclysmique avec son saxo free jazz se tient prête pour nous achèver… juste au cas où on n’aurait pas compris combien cette chanson n’est pas normale mais unique.

Bizarrement, tous ceux qui auront fui ce chaos nous donnent encore plus raison, car la véritable beauté n’est définitivement pas faite pour tout le monde. Notamment le petit bourgeois en nous qui nous chuchote ses conneries aux oreilles à longueur de temps pour nous faire oublier l’essentiel et voudrait nous voir nous vautrer dans le petit confort d’une vie peinard… Ou profiter des couchers de soleil au bord de la piscine en écoutant du Chopin. Mais surtout pas faire chier les voisins avec ce boucan sorti des tripes d’un gars qui a su dire non et « allez tous vous faire foutre! »

En concert 100% d’époque, ça situe les enjeux aussi!

Aussi, une chose est sûre, I Feel alright n’appartient pas à ce monde petit bourgeois. Sa beauté nous interroge, elle nous bouscule, elle nous donne à voir ce qu’on ne voulait pas. Les jeunes de l’époque (du moins certains) ne s’y tromperont pas et brandiront quelques années plus tard les chansons des Stooges comme des étendards ou comme des signes d’appartenance. Il y a définitivement ceux qui savent et les autres. En cela, elle devient nôtre d’une manière plus exclusive, et la relation qu’on entretient avec elle grandit au fur et à mesure qu’une partie de nous capitule. Et on se sent mieux. Oui, peu à peu, moi aussi, I feel alright, parce que, dans ce monde qui jaillit soudain devant moi, tout devient possible.

Pour le plaisir, la version de nos chers Damned!!!

Alors, pour toutes ces raisons, 1970 (I feel alright) est et sera toujours la plus belle et la plus sauvage de toutes les chansons du monde.

Francis

Et si, vous aussi, vous avez envie de partager votre chanson la plus sauvage du monde (et vous avez le droit d’en avoir plusieurs, bien entendu),  contactez nous.

16 réflexions sur « La chanson la plus (1)… sauvage du monde: The stooges- 1970 (i feel alright) »

  1. Bon, si 1970 des Stooges est la chanson rock la plus sauvage, il nous faut chercher dans un autre domaine son alter-ego dans la sauvagerie. Et pour tout dire, ce ne sont pas les idées qui manquent. Convoquons donc les compositeurs russes et associons-leur la fougue d’un orchestre de jeunes vénézuéliens. Ce n’est pas le Simon Bolivar que tout le monde connaît pour avoir engendré l’excellent chef Gustavo Dudamel, mais cet Orquesta Sinfónica Juvenil de Caracas n’a rien à lui envier. https://youtu.be/snUW4rR0NsI

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      1. Oui, il y a de le violence dans le classique. Mais elle n’a rien à voir. Elle est dans les émotions, la passion et la sophistication. Ce qu’arrive à faire le rock avec quelques accords, et un peu de boucan n’a aucun philtre cérébrale. Elle est complètement spontanée et parle directement au vortex.
        Audrey

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      2. J’ai fait un cours afin de décortiquer les ostinatos de double croches avec accent 1,4,7 système récurent dans le hard, métal, etc… et selon hypnotique et plutôt violent et… finalement le même schéma chez… Vivaldi.
        Si le prêtre roux avait été amplifié…
        C’était un violon hero…

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      3. C’est étrange, mais moi, je ne ressens pas la violence ou la sauvagerie du hard. Je parle « hard » dans le sens courant du terme (acdc, metallica etc), parce qu’aujourd’hui, y en forcément qui doivent renchérir. Les groupes jouent fort et vite, mais pour moi la violence est un sentiment qui nait d’une émotion plus que du rythme.
        Francis

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      4. Il y a là deux débats qui ressortent et qui sont intéressants à animer…
        Dev’ on t’attend…
        le beau…
        rythme/émotion – sauvage…
        Les premières versions de Dazed and Confused par Plant et martelées par Bonham mêleraient ça ?…

        Je me mets Urban Verbs, j’ai une idée à creuser.

        je comprends ce sentiment.
        il s’agit de sensations alors, rien n’est fixe ou acquis – comme tj la subjectivité et le ressenti personnel fixent ça.

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  2. Un sujet vaste et à multiples facettes.
    l’idée du beau… et ses ???
    j’ai bien aimé cet axe.
    si ça vous tente j’ai une idée sur le sujet avec une chronique – forcément – car… y’a de quoi dire.

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