Pour en finir avec 2021 et notre Palmarès, vous avez certainement pas pris garde qu’il s’était glissé un disque au nom clairement exotique et également politique. Ne vous méprenez pas, si nous avons mis ce disque dans la rubrique « Musique d’ailleurs », c’est plus pour l’alimenter, parce qu’il s’agit d’un album de rock et de blues et qu’on aurait pu plutôt le mettre dans « A découvrir ».

Pour qu’un disque venu d’Afrique (du Sahel plus particulièrement) viennent se loger à la 11eme place et soit repris par quasiment toute la presse (à l’exception regrettable de Mojo, Uncut et du NME), il doit certainement y avoir davantage qu’un alibi culture pour se donner bonne conscience ou faire ouvert et branché. Et même si c’était le cas, le constat reste le même. Il s’agit indéniablement de l’un des tous meilleurs disques de l’année passée qui nous a été donné d’écouter.
On ne vous cachera pas qu’on avait pas imaginé le chroniquer, mais comme on ne cesse de l’écouter depuis le début d’année, on peut vous dire que ce disque est en fait la vraie surprise de notre Palmarès 2021.
On va être honnête, on ne pourra pas vous dire grand chose de plus sur Mdou Moctar que ce que vous trouverez dans Wikipedia, car nous l’avons découvert en faisant ce palmarès 2021 (comme quoi cela sert à quelque chose). Maintenant, si on devait essayer de vous donner envie de l’écouter, voilà ce qu’on pourrait vous dire.
Quand on vous disait qu’il y avait peu de disques à guitares, on vous avait un peu menti, parce que Mdou Moctar a sorti le plus beau disque de guitares de l’année. De toutes sortes de guitares. Et sa beauté est d’avoir réussi à embrasser à pleine bouche des racines occidentales, à la manière de ses confrères Tinariwen, mais également en gardant la profondeur d’âme de son continent natal.
C’est notamment sensible dans l’utilisation des voix (sachant qu’il n’utilise pas l’anglais) qui rompt avec jubilation avec l’occident. Tantôt elles respirent l’esprit communautaire des tribus, tantôt elles nous bercent au gré du souffle du désert. Et pour ne rien vous cacher, c’est un enchantement de les écouter. Mais c’est aussi une voix qui dit des choses, qui parle de fraternités, de tolérance et qui dénonce également, avec un titre en français, Afrique Victime, où il évoque l’exploitation que la France fait de son pays, le Niger. Le titre rappelle combien ce continent est le perpétuel laisser pour compte de l’occident, sachant que la Chine y met à son tour plus que les pieds pour l’exploiter, comme nous l’avons fait pendant des siècles. On vous invite à lire cet interview de Mdou Moctar très intéressant pour le découvrir.
Quant au niveau instrumental, c’est la claque. En effet, on est loin d’un affreux relookage moderniste de musique traditionnelle, mais on est sur une approche personnelle réussie pour créer un univers cohérent où cohabiterait de manière harmonieuse passé et présent. L’utilisation d’instruments traditionnels donne une remarquable chaleur au son de l’ensemble. La plus grande réussite réside justement dans la cohabitation avec les instruments qui nous sont plus familiers dans le rock et le blues, sans qu’on est l’impression d’un collage ou d’un mélange?. Il s’agit plutôt d’un langage naturel capable de séduire instantanément nos oreilles occidentales.
Et pour rien gâcher, nous avons affaire à un guitariste que certains n’hésitent pas à qualifier de virtuose. Donc, pour les éventuels réfractaires, ils trouveront également des morceaux de bravoure, à l’image du morceau éponyme ou écouter Chistimen pour avoir un aperçu de ses talents.
Toujours est-il qu’on vous avait fait part courant de l’année dernière de notre regret de ne pas connaître de musique africaine. Ce disque représente exactement ce que l’on cherchait depuis des années. Un disque avec des racines mais qui ne sonne pas comme une simple relecture du passé. En fait, Mdou Moctar a simplement ouvert une porte en grand sur ce qu’est la musique africaine d’aujourd’hui.
Pour notre part, plus on l’écoute (cela fait maintenant plus d’un mois) et plus a envie d’en connaître davantage sur sa musique. Et qu’elle vienne d’Afrique ne fait que renforcer son pouvoir d’attraction.
MDOU MOCTAR- Afrique Victime (2021)

Francis
Pour la très petite histoire, il y a un morceau de Mdou Moctar, « Ilana », sur la compilation « Mojo Rising 2019 – The Best New Music of the Year ».
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De toute façon, on compte creuser un peu la discographie…
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Mdou Moctar à ranger dans la grande famille avec Bombino, Etran Finatawa, Tinariwen et Tamikrest. Excellents guitaristes , musiques rythmiques, belles mélodies. Rêveries assurées.
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Contente de te voir passer nous voir.
A part Tinariwen, je connais pas trop tous ces artistes. Y a tellement de choses à découvrir…
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Vous avez un très beau site, plaisant à consulter. Continuez ! Côté guitariste berbère, j’ai une préférence pour Bombino. Vu et rencontré en concert, un grand talent et humble de surcroît.
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Saviez-vous que la musique touareg s’échange principalement par smartphone ? L’échange de cartes SD a remplacé la cassette dans ces pays où, lourdement taxé, le CD ne s’est jamais popularisé.
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Si vous êtes intéressé, j’ai quelques archives à partager.
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Des archives sur Moctar? Ou sur la musique Touareg?
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