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Les disques maudits (3)- Paddy Mc Aloon- I Trawl the Megahertz (2003)

On aurait pu aussi traiter ce disque dans la rubrique « Plus c’est long, plus c’est bon », puisqu’il comporte une chanson de 22mn et que c’est bien celle-ci qui le place dans les albums maudits. Ou le placer dans les Musiques d’ailleurs tellement on s’éloigne du format de la chanson… C’est dire si ce disque n’est pas comme les autres.

Paddy Mc Aloon, le leader de Prefab Sprout, a sorti I Trawl the Megahertz sous son seul nom, alors qu’on sait depuis toujours que, ce groupe, c’est lui. On peut supposer de ce fait qu’il y a mis toute son âme, voire davantage. En tout cas, que la musique qu’il recèle le touche de manière très intime. On y trouve une musique principalement instrumentale avec une chanson titre de vingt-deux minutes qui utilise les dialogues d’émissions de discussion et de radio de fin de soirée (d’où son titre) pour, au final, tracer un tableau autour de l’amour et la perte.

Or il est assez curieux de découvrir qu’alors il se met ainsi en avant, il n’y chante quasiment pas (à l’exception d’un seul titre) et qu’il est constitué principalement d’instrumentaux (somptueux) où les frontières entre pop, jazz, musique classique ou contemporaine ou expérimentale n’existent plus. Et pourtant, on sent régulièrement les parfums que recelaient les disques sortis sous son nom de groupe.

A sa sortie, personne ou presque n’en a parlé. Depuis, on ne cesse d’y revenir et de le redécouvrir, au point où il a été réédité en 2019… mais sous le nom de Prefab Sprout. Comme si le compositeur avait acté qu’il ne pouvait exister que sous cette identité et qu’à lui seul, il ne pourra jamais existé aux yeux des foules. C’est pourquoi je le range pour ma part parmi les disques maudits, car ici Paddy Mc Alloon n’a jamais été aussi ambitieux (malgré les échecs relatifs de ses disques précédents tant sur le plan commercial qu’artistique (disons que tout est relatif le concernant)) et il doit être cruel pour un artiste à cette occasion de ne découvrir qu’indifférence, comme si son temps était passé et qu’on ne devait plus rien attendre de lui, alors que lui est soudain pris de folie créative.

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A redécouvrir (17)- Prefab Sprout- Steve McQueen (1985)- Legacy Edition 2007 avec Bonus Accoustic

Ce billet aurait pu aussi être une théorie du rock qui vous aurait dit que les bonus ne servent à rien, qu’ils diluent et desservent le disque original. Allez, avouez! Combien de bonus et autres versions DELUXE, voire pire SUPER DELUXE, avez-vous réécouté comme vous l’auriez fait avec le disque original?

Bien sûr, sur le papier, plus d’une fois cela a pu paraître alléchant. Percer le mystère du disque, voire d’une chanson en découvrant les matrices, les égarements, les chemins de traverses qu’a pu prendre un titre… Sauf qu’aujourd’hui on oublie une notion de base: le tri. Les artistes l’ont fait pour nous, peut-être en se trompant, mais la plupart du temps en étant pertinent.

Aujourd’hui on nous sert des coffrets de 5 disques du même album… Et certains disent qu’on les sort pour le fric. Je ne crois même pas car cela ne se vend pas à des millions d’exemplaires… Non, cela permet de faire le buzz sur un artiste qui ne sort quasiment plus rien et peut-être de refaire découvrir et bien sûr vendre ses disques… Ou peut-être et surtout de garder les droits sur des enregistrements inédits… Parce que le contenu, à peine sortie, se récupère assez facilement sans débourser des centaines d’euros, juste pour l’écouter au moins une fois (et encore, si on tient jusqu’au bout!), histoire de savoir ce que tout cela recèle éventuellement d’intéressant et surtout de ne pas mourir idiot.

Et cette théorie du Rock se serait achevée sur une exception. Par hasard ce disque que j’adore et qui en est la preuve. Or le bonus en question a été réalisé par Paddy McAloon lui-même, le leader des mystérieux Prefab Sprout, plus de 20 ans après. Il ne s’agit donc pas de fonds de tiroir, mais bien d’un nouveau regard, ou plutôt d’une authentique envie de redonner vie à son travail, pour ce grand perfectionniste et artisan de la Pop.

Prefab Sprout, un nom qui ne doit parler qu’à ceux qui ont connu les 80’s. Certains considèrent le songwriter qui se cache derrière comme le plus grand de cette décennie (sans doute à juste titre, du moins on va dire à égalité avec Michael Head ^-^), qui avait pour ambition d’être l’égal de McCartney ou de Burt Baccarach (voire même de Gershwin). Mais aussi un drôle de type, ce Paddy Mc Aloon, qui voulait écrire une musique céleste avec des textes dignes de James Joyce, ni plus ni moins, ou qui a même pu rêver d’écrire un album concept tout entier sur le personnage de Zorro (avouez que cela ne vous aurait pas fait rêver!)….

Le tout avec une image pas du tout rock’n roll, plutôt propre sur soi, comme vous pouvez le constater. Et pourtant, l’écriture pouvait être complexe, sophistiquée tout en étant totalement fluide et accrocheuse. Or, je sais ce que certains vont penser: tout ça, c’est encore de la musique pour les filles! Peut-être… mais pourquoi n’auraient-elles pas bon goût également?

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