Archives pour la catégorie Les disques maudits

Les disques maudits (3)- Paddy Mc Aloon- I Trawl the Megahertz (2003)

On aurait pu aussi traiter ce disque dans la rubrique « Plus c’est long, plus c’est bon », puisqu’il comporte une chanson de 22mn et que c’est bien celle-ci qui le place dans les albums maudits. Ou le placer dans les Musiques d’ailleurs tellement on s’éloigne du format de la chanson… C’est dire si ce disque n’est pas comme les autres.

Paddy Mc Aloon, le leader de Prefab Sprout, a sorti I Trawl the Megahertz sous son seul nom, alors qu’on sait depuis toujours que, ce groupe, c’est lui. On peut supposer de ce fait qu’il y a mis toute son âme, voire davantage. En tout cas, que la musique qu’il recèle le touche de manière très intime. On y trouve une musique principalement instrumentale avec une chanson titre de vingt-deux minutes qui utilise les dialogues d’émissions de discussion et de radio de fin de soirée (d’où son titre) pour, au final, tracer un tableau autour de l’amour et la perte.

Or il est assez curieux de découvrir qu’alors il se met ainsi en avant, il n’y chante quasiment pas (à l’exception d’un seul titre) et qu’il est constitué principalement d’instrumentaux (somptueux) où les frontières entre pop, jazz, musique classique ou contemporaine ou expérimentale n’existent plus. Et pourtant, on sent régulièrement les parfums que recelaient les disques sortis sous son nom de groupe.

A sa sortie, personne ou presque n’en a parlé. Depuis, on ne cesse d’y revenir et de le redécouvrir, au point où il a été réédité en 2019… mais sous le nom de Prefab Sprout. Comme si le compositeur avait acté qu’il ne pouvait exister que sous cette identité et qu’à lui seul, il ne pourra jamais existé aux yeux des foules. C’est pourquoi je le range pour ma part parmi les disques maudits, car ici Paddy Mc Alloon n’a jamais été aussi ambitieux (malgré les échecs relatifs de ses disques précédents tant sur le plan commercial qu’artistique (disons que tout est relatif le concernant)) et il doit être cruel pour un artiste à cette occasion de ne découvrir qu’indifférence, comme si son temps était passé et qu’on ne devait plus rien attendre de lui, alors que lui est soudain pris de folie créative.

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Les albums maudits du rock (2): Public Image Ltd: Commercial Zone (1984)- Hommage à Keith Levene décédé le 11-11-2022

Si l’on devait faire un hommage à Keith Levene, guitariste fondateur de PiL et décédé le 11 novembre dernier, c’est bien avec cet album. Et vous comprendrez pourquoi (tout comme pourquoi il s’agit d’un album maudit).

Officiellement cet album n’existe pas. A la place, il y a This is what you want… this is what you get (1984). Entre les deux, une brouille définitive entre les deux fondateurs que sont John Lydon et Keith Levene. Celle-ci surgit pendant les enregistrement de ce qui se fera appelé Commercial Zone, juste avant que le groupe ne parte pour une tournée au Japon, histoire de bien faire enrager le chef…

Il faut bien dire que John Lydon ne doit pas être un type facile à vivre. Il s’était déjà brouillé avec Jah Wobble après leur second disque (et sa rancune est toujours d’actualité) et le voilà quasi seul maître à bord avec l’exclusion de Keith Levene. Pour le prouver, il enregistre vite fait un nouveau disque avec un nouveau groupe dont les membres sont tous des musiciens de session qui ne connaissent rien du groupe, et pour bien signifier au banni son inutilité, il efface les guitares de tous les morceaux enregistrés et torche vite fait quelques autres chansons pour sortir ce qui est considéré généralement comme le pire album du groupe (même s’il contient leur plus grand hit (this is not) A Love Song).

Et si Commercial Zone existe, c’est grâce à l’obstination du Keith Levene à lui donner vie, de manière plus ou moins légale. Sans doute pour montrer la bêtise du grand gourou.

Alors, des deux , qui a raison?

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Les disques maudits (2)- Terry CALLIER : The New Folk Sound of Terry CALLIER (1965)- Deluxe Edition

L’histoire est rempli de disques maudits. Cette rubrique se propose de leur redonner leur juste place.

Voici un album qui me tient particulièrement à cœur

Des fois, il n’y a rien à dire. Juste à augmenter un peu le son (guère plus que ce qu’il faut pour couvrir ce qui vous entoure, c’est important) et à laisser les premières notes vous envoûter.

Épisode 17 : Terry Callier - Occasional Rain - T'as entendu ça ?

Et là, vous saurez tout de suite que vous n’avez jamais entendu un truc pareil. Sur la pochette, il est écrit The New Folk Sound. Un truc complètement crétin sauf que, 50 ans plus tard, c’est toujours vrai. Oui, 50 ans plus tard, c’est toujours une forme complètement nouvelle de folk et un son toujours aussi puissant.

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Les disques maudits (1)- Chris BELL : I am the cosmos (version DELUXE de 2014)

L’histoire est rempli de disques maudits. Cette rubrique se propose de leur redonner leur juste place.

On n’arrive pas par hasard vers Chris BELL (ou alors il fait bougrement bien les choses). Généralement, si le nom vous est connu, il y a certainement eu l’appel de ces 2 mots magiques que sont Big Star. On ne développera pas l’histoire de ce groupe fulgurant et l’un des plus cruciaux de l‘histoire de la musique américaine, une combinaison unique de force et de subtilité, portée par des voix incroyables (dont les fameux 4 octaves d’Alex Chilton). Et si on lui attribue plus ou moins la création de la power pop, son influence va bien au-delà et reste prégnante encore aujourd’hui et suscite toujours cette perplexité de savoir pourquoi the Eagles ont eu autant de succès et pas eux, alors qu’ils avaient dix fois plus de talent (voire de génie) ?

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