A redécouvrir (13)- Mitch Ryder- Detroit with Mitch Ryder (1971)

Après avoir consacré (indirectement) l’album de Beyoncé comme meilleur disque de l’an dernier, quoi de mieux que d’en prendre le plein contre pieds ? Après tout, on s’appelle Les Rubriques en Vrac du rock. Si en vrac sous-entend qu’on l’aborde sous tous les angles sans se poser trop de question, y compris quand on ne parle pas de rock, pourquoi le faire en parlant un peu trop souvent? Comment revenir à des fondamentaux plus binaires ? En prenant un disque de rock. De blanc. Mais nourri de musique noire.

Le choix de Mitch Ryder sera sans doute une évidence pour certains. Et ceux qui ne le connaissent pas comprendront pourquoi en l’écoutant. Pour rien vous cacher, on connait très mal cet artiste et l’on doit notre découverte au dernier R&F et sa rubrique de L’Erudit qui balaie l’œuvre du chanteur de Detroit.

Avouez que toutes ces photos ont de la gueule. Elles nous disent que ce type ne fait pas semblant, qu’il vit la musique, qu’il chante avec une telle intensité qu’on en presque mal pour lui. Voilà, on va parler d’authenticité. D’un monde sans fioritures. Un monde d’avant internet.

Et puis, on a prononcé le mot de Detroit. On aurait d’ailleurs pu commencer par ça. Car quelle autre ville incarne à ce point l’esprit du rock incandescent ? Et tant qu’à faire, choisir un disque dédié à cette ville bouclerait la boucle et ouvrirait de belle festivités pour cette nouvelle année qui commence.

Donc vous le rêviez ? Les Rubriques en vrac du rock l’ont fait ! ^-^

On ne va pas vous faire d’analyse précise ni de ressenti longuement approfondi, puisque Detroit with Mitch Ryder est presque une nouveauté pour nous. Une nouveauté de plus de 50 ans, c’est toujours réjouissant, avouez ? Aussi, on va se contenter de vous donner les quelques informations que l’on aura glanées ci et là, juste au cas où notre introduction n’aurait pas suffi. En guise de résumé, Mitch Ryder dira de sa musique la chose suivante: « L’énergie est le fruit de l’adolescence. Nous en avions à revendre. Quelle que soit la chanson que nous jouions, elle était dix fois plus rapide que l’original. » On vous laissera le soin de le vérifier.

L’album que nous proposons est pour lui celui du retour aux fondamentaux. Après des débuts soul/rock/blues où le groupe cherchait à reprendre les morceaux du moment en accélérant le plus possible le rythme pour en décupler l’énergie, sa maison de disque voudra bizarrement faire de lui un chanteur pour Las Vegas, sans doute du fait de ses capacités vocales, ce qu’il acceptera d’incarner pour une paire d’années pour ensuite reprendre du service avec une nouvelle formation résolument plus tendue et rock.

C’est justement là qu’on va s’intéresser à lui. L’album en question est principalement constitué de reprises mais ouvre sur deux morceaux originaux. On y retrouve les racines habituelles qui vont aussi bien à Wilson Pickett qu’aux Stones. Sauf qu’au milieu des standards se loge un titre intriguant, voire qui fait tache.   

En effet, qui pouvait s’attendre en 1971 à trouver Rock’n Roll du Velvet Underground ? A cette époque, le groupe new yorkais restait peu connu et il n’y avait guère que David Bowie qui chantait ses louanges. Aussi, qu’un chanteur de blues et de soul s’y intéresse souligne à quel point Mitch Ryder n’est pas n’importe qui. Et encore plus quand on sait que Lou Reed lui-même s’inspirera par la suite de son traitement pour sa musique lors de ses propres tournées qui donneront naissance à son fameux Rock’n Roll Animal. Et qu’il recrutera comme par hasard Steve Hunter pour maltraiter ses morceaux et qui officie justement ici. Donc la reprise proposée est monstrueuse (du moins, c’est l’adjectif que je lis à chaque fois) et je le confirme. Elle l’est tellement que le morceau est méconnaissable. Elle incarne certainement et précisément ce qu’avait en tête Lou Reed en écrivant sa chanson et en quoi cette musique avait bouleversé sa vie.

La même en Live!!!

Et puis, il y a aussi la production de Bob Ezrin qui débutait presque et qui est d’une grande discrétion comparée à ce qu’il fera par la suite avec Alice Cooper (même si on devine son travail ici lui aura ouvert sa porte), Pink Floyd ou… Lou Reed encore sur Berlin. Le son est chaud, efficace, puissant. On a le sentiment d’un vrai groupe jouant live. Puis, difficile de passer à côté de la voix de Mitch Ryder qui lui vaudra d’être l’un des rares artistes blancs à avoir été introduits au R&B Hall of Flame. Plus qu’un songwriter, son plus grand talent est dans l’interprétation et dans sa capacité à constituer autour de lui un groupe capable de communiquer l’énergie et la flamme explosive pour donner vie à une musique qui peut incarner l’essence même de l’esprit du rock originel quand il lorgne vers ses racines noires.

Aussi bon que fût ce Detroit, il ne me marchera pas et Mitch Ryder basculera par la suite dans la drogue dont il ne ressortira qu’en 1978 pour sortir How I spent my vocation (1978) que nous vous conseillons aussi fortement (pour certains meilleur que celui-ci) et qui, cette fois, le remettra en scelle vers le succès (du moins un certain temps).

Donc, on espère que ce disque saura rassurer ceux qui auraient été effrayés de voir en ce lieu Beyoncé mis avant. Mais on sait aussi que c’est lorsque nous sommes le plus rock que nous trouvons le moins d’écho. La balle est dans votre camp (même si on compte bien continuer de faire le grand écart car c’est tout l’esprit du blog que l’on souhaite mettre en avant).

Mich Ryder- Detroit with Mitch Ryder (1971)

A1 Long Neck Goose
A2 Is It You (Or Is It Me)
A3 It Ain’t Easy
A4 Rock’N Roll
B1 Let It Rock
B2 Drink
B3 Box Of Old Roses
B4 I Found A Love
B5 Gimme Shelter

Welcome to Detroit (et c’est du FLAC!)!

5 réflexions sur « A redécouvrir (13)- Mitch Ryder- Detroit with Mitch Ryder (1971) »

    1. Je dois réparer cette injustice 🙂 Il y a du très bon au dessus avec Joe Cocker. Pas au hasard « Mad Dogs & Englishmen » juste grandioooose. Voilà, réparé, j’espère que la colle tiendra.

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  1. Trop « ficelé » trop masterisé, pour moi, j’aimais mieux son rock garage type « shakin’ with Linda » de 1966 où ses reprises nerveuses comme tu l’expliques bien par exemple « walking the dog en 1966 ». mais pour moi son meilleur album reste sur le versant plus soul-funk « The Detroit -Memphis Experiment » de 1969. La voix est moins en vanat mais la mise en valeur de la musique est parfaite.

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  2. Déjà merci à Sorgual, conseil pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Je me régale. Je me disais que dommage pour son timing, j’imagine le succès en période du film Blues Brothers. J’entendais un mix Joe Cocker, James Brown et l’esprit des groupes comme Southside Johnny ou les débuts de Graham Parker.

    Pour l’album ici chroniqué, j’en ai fait mon mien et j’avais donc loupé cette chronique. Jamais trop tard, hein!!

    Un avis de passage? Je ne suis pas emballé par la version « Rock & Roll » En revanche j’avoue de bons moments avec « Long Neck Goose » « Let It Rock » et la reprise des Stones.

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